Avertissements préalables
- 1995. Le "Projet Bojinka" est découvert par la police philippine qui le révèle aux services secrets américains. Le projet prévoit de détourner 11 avions de ligne et d'en écraser certains sur le QG de la CIA à Langley (Virginie), le WTC à New York, la Sears Tower à Chicago, la TransAmerica Tower à San Francisco, la Maison Blanche et le Pentagone à Washington.
- 1999. Les services de renseignements britanniques préviennent leurs collègues américains : al-Qaïda a l'intention « d'utiliser des avions de ligne comme bombes volantes contre d'importants bâtiments. »
- Juin 2001. Deux services de renseignements allemands préviennent les Américains en disant: «Des terroristes du Moyen-Orient ont l'intention d'utiliser des avions commerciaux pour attaquer des bâtiments symbolisant la puissance économique, militaire et politique de l'Amérique.»2 Le bâtiment qui symbolise la puissance économique de l'Amérique, c'est le complexe du WTC. Celui qui symbolise la puissance militaire, c'est le Pentagone. Et celui qui symbolise la puissance politique, c'est la Maison-Blanche ou le siège du Congrès. Le 11 septembre, seul l'attentat contre le symbole politique échoue.
- 16 juillet 2001. Les services secrets britanniques préviennent les Américains: « Al-Qaïda se trouve en phase préparatoire ultime d'un gigantesque projet terroriste. »
- Fin juillet 2001. Wakil Ahmed Muttawakil, le ministre taliban des Affaires étrangères déclare aux Américains qu'al-Qaïda « prévoit, dans les deux mois, un énorme attentat aux Etats-Unis. Cet attentat va faire des milliers de morts. »
- Fin juillet 2001. Les services de renseignements jordaniens GID adressent une mise en garde aux Etats-Unis: « Un important attentat se prépare au cours duquel des avions de ligne seront utilisés comme des bombes. Le nom de code de l'opération est Big Wedding (le grand mariage). » Après le 11 septembre, il s'est avéré que le nom de code était effectivement Big Wedding.
- Fin juillet 2001. Les services secrets russes font savoir à la CIA que 25 terroristes originaires du Moyen-Orient ont suivi une formation de pilotage et que leur intention est, d'ici deux mois, d'attaquer d'importants bâtiments à l'aide d'avions de ligne détournés. Moscou transmet également les noms de plusieurs des pirates.
- Début août 2001. Les Britanniques envoient un nouvel avertissement urgent disant qu'al-Qaïda va utiliser des avions de ligne détournés.
- Début août 2001. Un agent secret marocain infiltré au sein d'al-Qaïda fait savoir à ses supérieurs que, «d'ici quelques semaines, un important attentat va avoir lieu contre les tours du WTC». La Maroc transmet cette information à Washington.
- 6 août 2001. La CIA remet le PDB (Presidential Daily Brief) au président Bush à son ranch texan. Il est intitulé "Ben Laden déterminé à frapper sur le sol des Etats-Unis". Malgré cet avertissement, resté secret, le gouvernement Bush n'a cessé de prétendre après le 11 septembre qu'il n'avait jamais reçu d'avertissement d'aucune sorte. Révélé le 15 mai 2002 par CBS Evening News, en plein déroulement de la Commission du 11 septembre, le gouvernement Bush est bientôt obligé de déclassifier les 11 pages du PDB du 6 août et de venir "témoigner" devant la Commission. A cette occasion, Condoleezza Rice tentera d'en minimiser l'importance en soutenant qu'il était vague et mince, et que ce n'était que du réchauffé.
- Seconde semaine d'août 2001. Israël délègue à Washington deux officiers supérieurs des services secrets du Mossad. Ils font savoir qu'au moins 50 membres d'al-Qaïda se trouvent aux Etats-Unis afin de commettre un important attentat contre des bâtiments américains. L'attentat, ajoutent-ils, aura lieu d'ici quelques semaines.
- 23 août 2001. Les mêmes officiers du Mossad livrent aux Américains une liste comportant 19 noms de terroristes potentiels. Parmi ceux-ci, les noms de Nawaf Alhazmi, Khalid Almihdhar, Marwan Alshehhi et Mohammed Atta. Plus tard, les quatre hommes participeront effectivement aux attentats.
- Fin août 2001. Le président russe Poutine confie à ses services de renseignements la mission de prévenir les Américains dans les termes les plus pressants et les plus urgents de ce qu'un important attentat contre des bâtiments américains en est à son ultime phase préparatoire.
- Fin août 2001. Les services secrets français adressent à leur tour une mise en garde à Washington.
- Début septembre 2001. Le président égyptien Hosni Moubarak charge ses services de renseignements de prévenir les Américains en termes pressants: al-Qaïda organise un gigantesque attentat contre des bâtiments américains. L'information provient d'un agent égyptien infiltré.
La Grande-Bretagne, la Jordanie, la France, l'Allemagne, le Maroc, l'Egypte, Israël, la Russie et les Taliban préviennent donc les Etats-Unis longtemps à l'avance. Tous ces avertissements vont dans le même sens. Ils citent le nom de l'organisation qui prépare les attentats, le nom des futurs auteurs, la période durant laquelle les attentats seront perpétrés, la méthode qui sera utilisée et les cibles supposées. Malgré cela, les services de renseignements militaires et civils DIA et CIA, les services de renseignements politiques fédéraux du FBI, la Maison-Blanche, la Défense nationale, le Conseil national de Sécurité, l'Intérieur et la Justice s'écrient tous, comme un seul homme: «Nous ne savions rien. Pour nous, le 11 septembre a constitué une surprise totale.»